Samedi

01 Novembre 2003

Jour 5: Ha! Le samedi. Pour ce que ça va changer dans mon cas! C'est le même horaire. Et je tiens bien la rampe. Quelques petits signes de fatigue. Normal! 14 heure par jour de travail pour à peine 5 heures de sommeil. L'équilibre n'y est vraiment plus. J'en reviens pas. J'ai des cernes un peu sous les yeux. J'ai jamais eu ça avant!

J'avoue que je ne bois pas assez d'eau non plus. Premier truc que j'ai fais, c'est de mettre une bouteille à eau dans mon sac à dos. Fatigue et déshydratation combinés, c'est pas l'idéal! Je ne peux rien pour la fatigue, mais au moins pour le reste... J'évite le fastfood aussi. Solution trop facile en travaillant dehors au centre-ville.

Fatigué, mais le décompte est commencé. Plus que 3 jours avec aujourd'hui. L'expérience est enrichi$$ante. Le travail le sera pour le porte-feuille, mais là... Toute cette observation du même champ de vision, de me lever avant le soleil et de retourner au lit bien après son coucher.

Bon je dois vous intriguer avec toutes ces histoires de vivre à la rue? Je crache le morceau. Il s'agit d'un simple travail d'observation statistique. J'en dis pas plus, ça vous ennuirais à mourir. C'est un travail plate pour le commun des mortels, mais moi j'y trouve mon petit bonheur parce que je me réfugie dans ma tête. Dans cette petite caboche de noix j'invente des secondes réalités pour mon bon plaisir. Ça ne change rien à la qualité de mon travail mais ça désennuie en maudit!

Donc je m'amuse à faire disparaître cette notion du 'chez moi' matériel! Cette notion disparue, je ne pense plus à chez moi. Mais bonsang que c'est calme la rue le samedi matin! J'assiste à un combat sans merçi entre 2 mouettes pour 1 tranche de pain. Les pigeons se contentent des restes. C'est la même affaire qu'en Afrique. Mais oui! Sauf que le triangle là-bas est juste plus imposant! Ainsi la tranche de pain est une antilope, la mouette est un lion et le pigeon est une hyène. Humm? Je vous l'ai dis que je suis fatigué. Laissez-moi donc délirer un peu! De toute facon la mouette est venu réclamer ses restes de pain. Ce qui clôt l'épisode.

Est arrivé comme ça de nulle part, un recelleur qui me braque sa chaîne d'argent cheap au visage.

• j'en veux pas de ça moi!
• mais c'est pas cher mon ami!
• m'en fiche j'en veux pas.
• t'est sûr?
• Heille en quelle langue dois-je te le dire. Tes trucs volés j'en veux pas. I dont need anything from you! Move away! give me a break!

Comme je levais la voix ça attirait l'attention. Il est disparu aussi vite qu'il était apparu.

Dans le même genre, est apparu aussi un vieux qui avait l'air de fantasmer sur mon beau petit cul. Ça sautait aux yeux qu'il l'observait avec une maladroite discrétion. Mais en prenant mon regard au mot, il a vite compris qu'il devrait se comtenter du fantasme. Point à la ligne. Parti lui aussi.

Jamais 2 sans 3, un autre plus vieux qui se promenait avec son dentier dans la main, le faisant tournoyer comme pour occuper son temps. Non mais veux-tu bien remettre ça dans ta bouche et tout de suite! Si Dieu avait voulu qu'on aie une dentition dans la main, il aurait veillé aussi à ce qu'on aie un oeusophage dans le bras. C'est logique non?

Mais dans le fond, j'ai encore revu ma petite vieille avec ses 2 cannes et son orthèse. Elle doit avancer à 1\2 km à l'heure sans se plaindre. Mais on voit bien que c'est un labeur. J'aurais le goût de la prendre dans mes bras et dire je vais vous amener moi.

Et finalement pour aujourd'hui, on dirais que je suis maintenant pleinement intégré au décor de la rue. Imaginez. Je fais ma petite affaire. Je vois une fille et un gars arriver vers moi. C'est la fille qui parle: -Salut! -Salut? -Je peux te prendre en photo? -Pourquoi? (hésitation timide et amusée) -j'ai un cours de photo et tu corespond parfaitement à ce que je cherche. Ton linge, ton look, même ton attitude, ta manière de bouger. C'est parfait. -Ha oui!? Je comprend. J'en fais moi aussi de la photo. Lâche toi louste! Tu peux en prendre comem tu veux. Mais je ne pourrais t'accorder trop d'attention. Même si ça ne paraît pas en ce moment, je travaille :o) - Bin justement. ne me regarde pas, ça va être parfait. Fait comem tu faisais.

Plus tard sont arrivé 2 filles:

• Salut!
• Salut!

(ça ressemble à l'autre appronche non?)

• Heu.. Tu sais tu c'est où le magasin où l'on peux acheter des seringues?
• Humm non pas vraiment. L'héro c'est pas vraiment mon truc.

Dommage que je me disais en la regardant. Elle n'avais pas l'air d'une junkie. Mais si je la revoyais dans 1 ans? De quoi aura t-elle l'air? Bon là je plonge sous les couvertes sinon je n'arrêterais pas. J'ai plein de trucs encore à raconter!. Bonne nuit!

   J'ai écouté: