Fumisterie

En ce début de février 2002 je viens de recevoir une demande d'écrire un article sur un sujet tout à fait au goût du jour. C'est à dire un article contre le tabac. C'est une bonne idée! D'autant plus que le gouvernement fait tout pour nous bombarder d'annonces anti tabac. Je spécifie bien canadien parce que la demande m'a été demandée par une personne européenne. Je ne sais pas si dans ce coin on combat aussi fort? On m'avait donné une adresse pour aller prendre des opinions mais j'aime mieux écrire spontanément ce que j'en pense avec tout ce que j'ai pu en entendre. Je crois qu'il y a déjà là de quoi faire couler beaucoup d'encre virtuelle de mes doigts.

Mais que dire? Fumer ce n'est pas bon pour vous! Rien de nouveau sous le soleil. Alors je pourrais inventer un slogan à lever le coeur : Fumer c'est tellement mauvais qu'on vous vend le produit avec un filtre et malgré le filtre vous allez mourir pareil! Ça c'est déjà plus intéressant. Je ne sais pas si mon slogan va se retrouver comme message de dissuasion sur les paquets de cigarettes. Si c'est le cas je veux mes royautés.

Ou alors si je vous disais que fumer encrasse les poumons, rend le souffle court, fais jaunir les dents, les doigts, altère les capacités cardiaques, provoque le cancer, l'emphysème, la mauvaise haleine, les problèmes érectiles, en plus de vous atteindre même au niveau cérébral.

Bah! Je vous avoue que ce ne serait rien d'autre de plus qu'une goutte dans l'océan. On peut lire ça partout dans des ouvrages sur papier, sur la toile, chez le médecin, sur les paquets et enfin dans la publicité. La publicité ici ne sait plus quoi faire pour dissuader les gens de fumer. Les images sont de plus en plus fortes. La grosse campagne publicitaire en ce moment nous montre à la morgue, les pieds qui dépassent d'un sac à cadavre avec une étiquette accrochée à son orteil. Le numéro que porte cette étiquette : 45000. Parce que chaque année il meurt au Canada 45000 personnes des suites du tabagisme.

Bon je pourrais déjà me contenter d'avoir écris cela en disant que j'ai fait de quoi de quand même assez dissuasif. Ajouterais-je que la cigarette entraîne une très forte dépendance physique et psychologique. La dépendance physique provient du geste répété. Tenir entre ses doigts une cigarette devient assez vite une habitude, un outil dans la gestuelle quand on s'exprime. Un bon exemple de cela : Beaucoup de gens fument beaucoup plus quand ils sont dans des endroits sociaux comme les discothèques, les bars et les tavernes.

La dépendance psychologique est beaucoup plus forte elle. Histoire de garder un vocabulaire assez vulgarisé je me contenterais de dire que les cellules du cerveau sont modifiées par des substances actives dans le tabac. Pire! On a fait des ajouts chimiques pour garder les gens bien accrochés au tabagisme. Le plaisir est un besoin fondamental dans la nature. Le cerveau carbure par exemple avec le sucre et un tas d'autres substances. Il y a entre autre dans la fumée du tabac des substances qui sont absorbées rapidement et le métabolisme humain finis très vite par s'y adapter au point d'être considéré comme une récompense.

Un autre aspect dérangeant qui à été mis en évidence est la fumée passive. Mettez un fumeur dans une salle et juste à cause de lui, les autres personnes dans la salle fument aussi. On a déjà fais la comparaison au point de vue de la toxicité de la fumée avec des gens qui saupoudreraient de l'amiante dans la salle où les non-fumeurs sont présents. Voilà une image pas mal forte selon moi. C'est sans compter la pollution engendrée par une multitude de fumeurs qui jettent leurs mégots et emballages vides partout dans la rue. Ça fini par être souvent dégueulasse et pas juste dans un centre-ville. La dernière fois que je suis aller à la plage d'Oka j'ai trouvé que c'était dégueulasse. Il y avait tellement de mégots dans le sable que ça en devenait gênant de s'étendre dans le sable.

Mais pour vous avouer ce que je trouve le plus dégueulasse c'est toute la manipulation qui se cache derrière l'énorme industrie du tabac. Je me pose la question depuis une bonne décennie et je pense que je vais encore me la poser pour un autre couple de décennie encore : N'est-ce pas ambiguë d'avoir un gouvernement qui fait le gros de son argent avec les taxes perçues sur le tabagisme et qui en même temps le combat de plus en plus fortement. Ça me fait l'impression d'un énorme paradoxe.

Il y a des études qui ont été faites par les géants producteurs du tabac et les résultats ont été longuement cachés au public. On savait depuis la fin des années 60, peut-être même au début que fumer est mortel. Pourtant on a fait croire tant de choses au public. On a même fait croire pendant cette décennie que fumer était un symbole de réussite sociale. Ça a marché tellement fort que dans les années 60, on laissait croire qu'un homme qui ne fumait pas, n'était pas tout à fait un homme.

Le monde a fini par se réveiller mais la publicité est encore bien forte et souvent tortueuse. Les moyens changent. Il devient interdit au tabac de commanditer quoi que ce soit comme événement. Il est interdit de fumer dans les lieux publics. Il est surtout interdit de faire de la publicité sur le tabac que ce soit autant dans les médias papier ou télévisés tout comme on pouvait en voir très souvent à une certaine époque.

Que se passe t-il maintenant? On revient à une forme de publicité fortement subjective comme dans les années 60. On ne fait plus de publicité proprement dite qui affiche la marque du produit durant la pause publicitaire mais on l'impose dans l'intrigue elle-même.

Avez-vous déjà vu ou revu Twilight Zone (La 4ième Dimension)? Le narrateur au début, un bel homme aux standards de l'époque avait toujours une cigarette à la main. Si on ne le voyait pas directement fumer, on pouvait plus subtilement voir la fumée d'une cigarette à côté de lui qui indiquait clairement qu'il y en avait une d'allumée dans un cendrier tout près de lui et qu'il allait la consumer aussitôt sa narration terminée.

Mission Impossible, cette vieille série ça vous dit de quoi? Quelle impression de culture raffinée se dégageait de Barbara Bain et de Michael Landeau les deux principaux héros de cette série! Ils avaient toujours une cigarette à la main, ils la manipulaient avec classe et laissaient de toute évidence sous-entendre que ça faisait parti de leur image de réussite.

Je ne vous parlerais pas de tous les personnages des années 60 qui ont servi à cette forme de propagande car ils sont trop nombreux. Mais il suffit de penser à Jimmy Dean et à Paul Newman par exemple, pour se remémorer des héros adulés et se les imaginer sans cigarette est difficile. On vous implantait cette idée de réussite des le plus jeune âge. Lucky Luke se roulait des cigarettes pour avoir l'air cool avant que l'on décide de couper ça et de remplacer la cigarette par un brin d'herbe au bec.

Aujourd'hui comme les moyens de pubs ont été fortement coupés, Ce genre de pub cinématographique revient en force. Ça se passe autant sur grand écran et sur petit écran. Un exemple qui vise les ados? Léonardo Dicaprio. Allez me faire croire que c'est par hasard que dans ses moments de réflexion intense on le voit griller doucement une cigarette dans les films Romeo & Juliet puis dans Titanic. Quant au petit écran québécois le meilleur exemple que je pourrais donner c'est Omerta. C'est presque à croire que pour être un bon policier ou un bon méchant, il faut absolument fumer!

C'est plus pour ces derniers paragraphes que je viens d'écrire que j'ai choisi un titre tout simple comme fumisterie. Parce que tout ça, c'est bien une fumisterie vous en conviendrez. Bon il y a bien aussi le jeu de mot aussi, mais avec juste un sens au premier degré, ça aurait été trop simple.

Pour ma part je ne n'ai jamais ressenti le besoin de fumer, je ne suis tout de même pas non plus un anti tabac enragé qui saute sur les fumeurs avec un doigt accusateur. Je suis dans cette moyenne tolérante qui tout de même déteste qu "on fume en sa présence si c'est dans une auto avec les fenêtres fermées ou encore juste devant moi dans un escalier mécanique de sorte que je ne puis dépasser la personne. Ce qui fait que j'estime avoir écrit tout ça avec une très bonne dose d'impartialité. Pour moi ça ne changera pas grand chose, mais si ça peut aider quelqu'un, alors tant mieux!